Apologie de la fuite (5/8) – Stéphanie et Raphaël

Cinquième nouvelle de la série de huit qui voit l’apparition successive de sept couples différents dont vous pouvez vous amuser à décrypter les ennéatypes pour pratiquer l’ennéagramme.

Des indications sont données en fin d’article, mais essayez de trouver par vous-même.

4 septembre 2019 – Sylvie et Michaël

  Le courrier électronique venait d’arriver dans la boîte mail de Stéphanie ce mercredi.

« Malgré tous les aspects positifs de votre proposition commerciale concernant la fourniture échelonnée de 60 millions de bouchons à vis en aluminium, cette dernière n’a pas été retenue pour l’année 2020 … bla bla bla .… »

La dirigeante de l’Embouti Breton, cette PME de 200 personnes regardait l’écran et sentait la colère monter en elle. Elle se leva d’un bond, saisit le mug de café encore à moitié plein et le jeta en travers la pièce. Il vint s’éclater sur la vitre de son bureau qui donnait sur les ateliers. répandant le breuvage encore chaud sur les dossiers sous la fenêtre.

« Mais, nom de Dieu, quelle bande de connards ! Ils nous ont fait investir dans deux nouvelles machines pour pouvoir tenir les cadences, et maintenant, ils nous disent d’aller nous faire foutre ! Les salauds, ils avaient promis, les yeux dans les yeux ! Ah mais, ça ne va pas se passer comme ça ! hurla Stéphanie, alors que  Raphaël, son mari qui accourait ventre à terre et ouvrait la porte l’air paniqué.

— Mais que se passe-t-il ma chérie ?

— Les alcools Ricaud-Pernard annulent les commandes ! Après 10 ans sans aucun problème, ils nous laissent tomber d’un seul coup. C’est ce salopard de « Capsules Express » qui a dû casser les prix et, bien sûr, ils l’ont suivi sans même nous en parler, vociféra-t-elle.

— Il doit bien y avoir une possibilité de les convaincre de ne pas nous lâcher. On peut, peut-être, leur demander de fournir moitié-moitié. De toute façon, je suis certain que Capsules Express ne pourra pas tout produire, calma son mari qui cherchait toujours le moyen de trouver des compromis.

— Moi aussi, je le sais, mais je ne vais pas négocier avec ces imbéciles, ils n’ont qu’à essayer, ils verront bien, cria Stéphanie, qui ne décolérait pas. Ce n’était pas son genre de plier face à un adversaire, c’est-à-dire tout le monde. C’était une dominante. Pour elle, c’était toujours œil pour œil, dent pour dent. Elle ne s’était jamais laissé marcher sur les pieds et ça n’allait pas commencer aujourd’hui.

— Bon okay, on ne négocie pas. Alors, comment on paye les salaires l’année prochaine ? demanda insidieusement Raphaël qui gérait les aspects financiers et sociaux de l’entreprise familiale.

— Je sais que tu n’aimes pas ce genre décision, mais il va falloir réduire la voilure et préparer un plan de licenciements, invectiva sa femme les mâchoires serrées.

— Non je n’aime pas ça ! Tous ces gens se donnent à 100 % pour l’entreprise. Ils nous font confiance depuis des années. Je ne peux pas les virer comme ça, juste parce qu’un client nous fait faux bon et que tu ne veux pas chercher une solution négociée. Calme-toi, et réfléchissons à une sortie par le haut. Il y a toujours un moyen, répondit posément son mari qui gardait toujours un calme olympien, même dans les situations les plus désespérées. »

— Pas question ce serait un signe de faiblesse de notre part et ils en profiteraient tôt ou tard,  insista la patronne.

— Oui je comprends ton point de vue, tu dois avoir raison, mais si tu changes d’avis je peux les contacter, comme ça, tu ne perdrais pas la face, essaya Raphaël en proposant d’être médiateur.

— Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans – JE NE NEGOCIE PAS AVEC LES CONS ? Je vais leur coller un procès au cul et je vais les exploser façon puzzle, on verra bien qui est le plus fort ? répondit froidement Stéphanie, blanche, les mâchoires et les poings serrés.

À ce moment, Sylvain, le responsable logistique vint frapper à la porte.

— Je peux entrer ? C’est important, demanda-t-il prudemment, ayant assisté de loin, à l’altercation après que le café ait explosé sur la vitre du bureau.

— Tu tombes bien, on a besoin de tes infos, dit Raphaël, pas mécontent de voir arriver du renfort pour organiser une réunion de crise constructive.

— On n’a plus le contrat Ricaud-Pernard, il va falloir réduire les cadences de production, lâcha Stéphanie, toujours pas calmée et qui avait déjà pris sa décision sur la suite des évènements  sans tenir compte de ce que son mari avait pu dire.

— Justement c’est de ça que je viens vous parler. »

Surpris, les deux dirigeants marquèrent un temps d’arrêt et laissèrent Sylvain s’exprimer.

«  J’ai une copine qui est proche d’une fille de la compta chez « Crapule » Express (comme il aimait les appeler). Et je sais ce qui se trame…  ils sont au bord du dépôt de bilan … Ils tentent un coup de marlou. Ils ont fait une proposition à prix cassé, bien en dessous de leur coût de revient, pour nous piquer le contrat Ricaud-Pernard. Ils comptent sur les acomptes à la commande pour passer le trou d’air dans la trésorerie. En plus, ils ont un investisseur qui a promis de les suivre dès qu’ils auront la commande Ricaud. 

— Noooon ? firent les deux patrons en cœur, subjugués par l’information,

  Le seul problème, c’est qu’ils ne peuvent pas produire les quantités avant au moins deux mois et qu’ils vont devoir baratiner le client  pendant tout ce temps, ajouta le responsable de la logistique.

— Oui d’accord, mais s’ils sont en dessous de leur prix de revient, quel intérêt pour eux ? C’est reculer pour mieux sauter, remarqua judicieusement Raphaël.

— Tu ne connais pas ce monde requin, dès qu’ils auront ferré le poisson, ils diront qu’il faut revoir les prix, et comme le client sera coincé, il n’aura pas le choix. C’est du bel ouvrage, commenta Stéphanie qui respectait toujours ceux qui se battaient et qui avait retrouvé un calme olympien.

— Écoutez, je propose qu’on ne livre plus, en prétextant une panne machine. Ricaud-Pernard va solliciter Capsule Express dans l’urgence qui ne pourra pas livrer. Alors, ils vont les auditer et s’apercevoir qu’ils sont au bout du rouleau. Voyant qu’ils sont en train de se faire avoir, ils vont revenir nous voir, la queue entre les jambes, expliqua le logisticien, assez content de son stratagème,

— Et là, je leur colle 20 % d’augmentation ! s’esclaffa Stéphanie, pour qui la vengeance était un plat qui pouvait se manger aussi bien chaud que froid.

À ce moment, l’ordinateur de Stéphanie tinta, indiquant l’arrivée d’un courrier électronique. Machinalement, la dirigeante y jeta un œil et lut l’objet du message à haute voix.

« Rendez-vous le 6 septembre 16 h 00 au port de Lézardieu, c’est quoi ça ?

— T’as rendez-vous avec un client au port ? interrogea Raphaël,

— Je ne crois pas, répondit Stéphanie, en lisant le message,

— Ah, on a encore gagné à un jeu à la con ! Ils nous cassent les ovaires avec leurs arnaques, quand je pense qu’il y en a encore qui se laisse prendre, c’est affolant, maugréa-t-elle,

— Original comme accroche, je l’ai jamais vu celle-là. Tiens ! Il y a les coordonnées de Maître Voltaire, l’huissier de Saint-Brieuc, je le connais, remarqua Raphaël, intrigué, en lisant par-dessus l’épaule de sa femme,

— Appelle-le, pour lui dire que quelqu’un a piraté son nom, conseilla la patronne de l’Embouti Breton.

Raphaël contacta son ami huissier qui lui confirma l’authenticité du jeu. Ils avaient bien été sélectionnés pour participer à un jeu de téléréalité dans lequel ils pouvaient gagner une île, d’une valeur de deux millions d’euros. Ils devaient se retrouver sur l’île de Roch Brocéliande pour un dîner avec huit autres participants pendant lequel on leur expliquerait les modalités du jeu.

Le couple était très circonspect sur ce prétendu jeu, mais la curiosité était plus forte que tout. Stéphanie était une guerrière et on ne pouvait pas la défier sans qu’elle ne réagisse. Elle ne s’était jamais laissé impressionner par quoi que ce soit, au contraire l’adversité la stimulait. Quant à Raphaël, il croyait dur comme fer en sa bonne étoile et avait toujours aimé se sortir des situations les plus délicates. Alors une confrontation à dix, ça allait certainement l’amuser.

 

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Alors vous avez trouvé ?

Je n’en doute pas.

Stéphanie est du profil HUIT en ennéagramme :

Elle se leva d’un bond, saisit le mug de café encore à moitié plein et le jeta en travers la pièce. Il vint s’éclater sur la vitre de son bureau qui donnait sur les ateliers, répandant le breuvage encore chaud sur les dossiers sous la fenêtre. (Colère incontrôlable du Huit qui s’exprime de façon visible)
 
« Mais, nom de Dieu, quelle bande de connards ! (langage cru, du huit sous-pression)
 
 Ils nous ont fait investir dans deux nouvelles machines pour pouvoir tenir les cadences, et maintenant, ils nous disent d’aller nous faire foutre !  Les salauds, ils avaient promis, les yeux dans les yeux ! (qualité de base : souci de justice, facteur de stress : manipulation) 
 
Ah mais, ça ne va pas se passer comme ça ! hurla Stéphanie, (Motivation : l’action, combattre)
 
… ils n’ont qu’à essayer, ils verront bien, cria Stéphanie, qui ne décolérait pas. (mécanisme d’évitement : posture de combat, faire le coq)
 
Ce n’était pas son genre de plier face à un adversaire, c’est-à-dire tout le monde. C’était une dominante. Pour elle, c’était toujours œil pour œil, dent pour dent. Elle ne s’était jamais laissé marcher sur les pieds et ça n’allait pas commencer aujourd’hui. (fixation mentale : Être le plus fort)
 
Je sais que tu n’aimes pas ce genre décision, mais il va falloir réduire la voilure et préparer un plan de licenciements, invectiva sa femme les mâchoires serrées. (Mécanisme de défense : déni des problèmes, je fonce)
 
Pas question ce serait un signe de faiblesse de notre part et ils en profiteraient tôt ou tard,  insista la patronne. (Évitement  : la faiblesse)
 
Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans – JE NE NEGOCIE PAS AVEC LES CONS ? (devise ego : Vous êtes avec moi ou contre moi)
 
Je vais leur coller un procès au cul et je vais les exploser façon puzzle, on verra bien qui est le plus fort ? répondit froidement Stéphanie, blanche, les mâchoires et les poings serrés. (Orientation : contrôler les gens et les situations)
 
…qui avait déjà pris sa décision sur la suite des évènements, sans tenir compte de ce que son mari avait pu dire. (désir de base : être maître de son destin)
 
C’est du bel ouvrage,  commenta Stéphanie qui respectait toujours ceux qui se battaient (Les huit respectent les forts comme eux car ils évitent la faiblesse  chez eux et chez les autres) 
 
 et qui avait retrouvé un calme olympien (la colère du huit est extrême et rapide, mais retombe aussitôt dès que le combat cesse)
 
 s’esclaffa Stéphanie, pour qui la vengeance était un plat qui pouvait se manger aussi bien chaud que froid. (mécanisme de défense : je gagne ou je me venge, et puis même si je gagne je me venge quand même par principe sinon ce serait montrer un signe de faiblesse)
 
Stéphanie était une guerrière et on ne pouvait pas la défier sans qu’elle ne réagisse. Elle ne s’était jamais laissé impressionner par quoi que ce soit, au contraire l’adversité la stimulait. (fierté : je suis puissant et juste)
 
 

Raphaël est du profil neuf :

  Raphaël, son mari qui accourait ventre à terre et ouvrait la porte l’air paniqué (évitement le conflit, mais s’il est déclenché,  le désamorcer ou le fuir selon le niveau d’intégration)

— Il doit bien y avoir une possibilité de les convaincre de ne pas nous lâcher. (fixation mentale : que tout soit harmonieux). On peut, peut-être, leur demander de fournir moitié-moitié. …, calma son mari qui cherchait toujours le moyen de trouver des compromis. (quête de la tranquillité au travers du compromis)

— Bon okay, on ne négocie pas. Alors, comment on paye les salaires l’année prochaine ? demanda insidieusement Raphaël qui gérait les aspects financiers et sociaux de l’entreprise familiale. (orientation : ne pas nuire à l’intérêt collectif, facteur de stress : le changement)

— Non je n’aime pas ça ! (évitement des conflits) Tous ces gens se donnent à 100 % pour l’entreprise. Ils nous font confiance depuis des années. Je ne peux pas les virer comme ça, juste parce qu’un client nous fait faux bon et que tu ne veux pas chercher une solution négociée. (mécanisme d’évitement immobilisme ou fuite)

Calme-toi, et réfléchissons à une sortie par le haut. Il y a toujours un moyen, répondit posément son mari qui gardait toujours un calme olympien, même dans les situations les plus désespérées. » (désir de base être en paix, en stabilité intérieure)

— Oui je comprends ton point de vue, tu dois avoir raison, (Evitement : le conflit, ainsi le NEUF est toujours d’accord avec les autres)

mais si tu changes d’avis je peux les contacter, comme ça, tu ne perdrais pas la face (peur du HUIT que le NEUF décrypte bien), essaya Raphaël en proposant d’être médiateur. (qualité de base : sérénité, médiation)

— … pas mécontent de voir arriver du renfort pour organiser une réunion de crise constructive. (facteur de motivation : les décisions collectives)

 Quant à Raphaël, il croyait dur comme fer en sa bonne étoile et avait toujours aimé se sortir des situations les plus délicates. Alors une confrontation à dix, ça allait certainement l’amuser. (fierté : je suis facile à vivre, mécanisme d’évitement : je suis d’accord avec tous)

 

La relation entre huit-femme et neuf-homme

Selon certaines études statistiques (qui restent à prendre avec prudence), même si toutes les combinaisons ont été relevées, une femme de profil HUIT serait plutôt attirée par un homme de profil NEUF ou QUATRE un homme de profil NEUF par une femme de profil HUIT, QUATRE ou DEUX (source 9types.com).

Concernant l’appariement femme HUIT / homme NEUF :

Les profils HUIT et NEUF ne partagent que peu de points communs, si ce n’est d’être tous deux dans le centre instinctif et être soumis à un sentiment de colère. Mais alors que le HUIT laisse libre cours à ce sentiment par des explosions instantanées, le NEUF refoule la colère, en cherchant à équilibrer cette émotion entre son état interne et les états émotionnels des autres.

Par contre, ils sont très complémentaires sur bien des points. Le HUIT pris par des messages internes de « sois fort » et dépêche-toi » est un dominant, alors que le NEUF étant soumis à « fais des efforts » et « fais plaisir » a tendance à se laisser dominer, au moins en première approche. Cela est renforcé par leurs visions d’eux par rapport au monde. Le HUIT fait partie de ceux qui pensent que le monde ne les mérite pas, tandis que le NEUF pense ne pas être à la hauteur.

 Les deux ont un point commun qui est en fait une complémentarité. Ils ont une propension à être dans le déni des problèmes, mais pour des raisons différentes. Le HUIT trouve que les problèmes l’empêchent d’avancer et fait donc comme s’ils n’existaient pas pour foncer, alors quel le NEUF trouve que les problèmes l’obligent à bouger et fait donc comme s’ils n’existaient pas pour ne rien faire. Etre ensemble les obligent donc à évoquer ces problèmes pour choisir entre agir et ne rien  faire.

Le tandem présente des qualités certaines dans une collaboration professionnelle. Le HUIT est fonceur, aime prendre des risques et ne s’en réfère qu’à lui pour décider alors quel NEUF cherche les compromis et l’intérêt collectif. S’ils décident de s’entendre il s’établit une bonne synergie.  Face aux problèmes, le HUIT est réactif, le NEUF est positif. En situation sociale, le HUIT est assertif, le NEUF défensif.

Par contre lorsque les deux partenaires se désintègrent l’un et l’autre, on peut assister rapidement à une problématique persécuteur-victime. qui s’auto-renforce, car le huit persécuteur n’aime pas les victimes qu’il martyrise donc de plus en plus dans un cercle vicieux que le NEUF entretient malgré lui par immobilisme et fuite du conflit.

 

A bientôt pour un autre couple d’ennéatypes

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