Apologie de la fuite (4/8) – Sylvie et Michaël

Quatrième nouvelle de la série de huit qui voit l’apparition successive de sept couples différents dont vous pouvez vous amuser à décrypter les ennéatypes pour pratiquer l’ennéagramme.

Des indications sont données en fin d’article, mais essayez de trouver par vous-même.

3 septembre 2019 – Sylvie et Michaël

  Ce mardi était le jour du trente-huitième anniversaire de Sylvie. Pour l’occasion, elle et Michaël, son mari, avaient convié tous leurs amis. Le rendez-vous était fixé à vingt heures le soir même.

À dix-neuf heures, tout était loin d’être prêt. Il commençait à régner une atmosphère ionisée et une légère tension s’installait insidieusement, comme un arc électrique qui ne demandait qu’à s’amorcer, entre Sylvie et Michaël. Les tâches semblaient pourtant avoir été bien définies au départ entre les deux conjoints, mais à l’approche de l’arrivée des convives, la discorde semblait vouloir aussi s’inviter.

« Tu n’as pas oublié d’aller chercher le gâteau et le plateau de fromages ? interrogea Sylvie, sachant pertinemment que son mari ne l’avait pas fait,

— Non, je n’ai pas oublié, mais je n’ai pas eu le temps, répondit Michaël qui savait bien qu’il y avait zappé quelque chose, mais qui pris en défaut ne voulait pas l’avouer,

— Tu te fous de moi ! Je te l’ai déjà répété avant de manger », s’emporta la maîtresse de maison, avant de saisir les clefs de la voiture, posées sur le meuble de l’entrée, et partir chez les commerçants, en claquant la porte violemment pour implicitement manifester sa mauvaise humeur.

Michaël resta sans voix, la colère bloquée dans sa gorge en regardant sa femme s’éloigner. Il aurait eu encore largement le temps de passer chercher les commandes avant la fermeture des magasins qui étaient à deux pas. Donc il ne comprenait pas bien le problème. 

Il restait pensif, c’était toujours pareil avec Sylvie. Il n’y avait qu’elle qui faisait les choses correctement, mais selon ses critères, évidemment. Il aurait eu une liste longue, comme un jour sans plateau de fromage, à lui déballer s’il avait été comme elle. 

Mais, lui, il était plutôt du genre à prendre du recul et à réfléchir avant d’agir. C’était certainement son métier de professeur de faculté qui lui donnait cette tendance, ou peut-être l’inverse. La vieille histoire de l’œuf et de la poule. Il ne comprenait pas les pulsions de sa femme à toujours dénigrer, de manière systématique, ce que les gens faisaient. 

C’était probablement cette inclinaison pour la critique avec la certitude de savoir ce qui est bien ou mal qui avait attiré Sylvie dans le métier de juge dont elle s’acquittait, par ailleurs, fort bien.

Malgré tout, il ne faudrait tout de même pas qu’elle exagère. Michaël commençait à ruminer et il sentait un sentiment de colère pointer en lui. Lorsque sa femme revint des courses, Michaël mettait la table et faisait tout pour éviter de la regarder, avec l’inconsciente envie de ne pas laisser exploser ses ressentiments. Cela eut le don d’énerver Sylvie un peu plus, elle qui avait dû pallier les erreurs inacceptables de son mari.

Elle regardait la table et l’agencement ne lui plaisait pas. Elle s’approcha des assiettes et commença à retourner cuillères et fourchettes faces en haut. Michaël leva les yeux vers elle, incrédule.

« Tu fais quoi là, au juste ? demanda-t-il, les yeux écarquillés, en tendant le cou vers l’avant et en avançant les mains, paumes ouvertes, vers elle en signe d’interrogation.

— Je te l’ai déjà dit, les fourchettes se mettent les dents en l’air, répondit Sylvie sèchement avec un air narquois en levant les yeux au ciel.

— Non madame je sais tout, dans le service à la française, les fourchettes sont faces en bas, rétorqua Michaël pas mécontent d’étaler sa science.

— Eh bien moi, je préfère à l’anglaise, c’est plus hygiénique ! lança, comme un pic acéré, Sylvie qui ne voulait pas lâcher l’affaire.

— Si tu veux faire ta maligne, pour le service à l’anglaise, tu dois aussi placer les verres en biais, les serviettes pliées en trois ou en quatre dans l’assiette et le pain dans une petite assiette à gauche, invectiva l’homme en haussant le ton, laissant désormais, libre cours à sa colère »

Joignant le geste à la parole, il s’empara de la miche de pain et voulut la jeter violemment à gauche de l’assiette qui lui faisait face. C’est à ce moment que les choses dérapèrent. 

Emporté par son élan, son pied ripa sur le tapis qui glissa vers l’avant propulsant Michaël dans un salto arrière. Pour ne pas tomber, il eut le réflexe de saisir le dossier de la chaise de sa main libre. Mais malheureusement celle-ci bascula en arrière. Sentant approcher une issue douloureuse, il n’eut d’autre choix pour tenter d’éviter la chute que de planter la miche de pain dans le gâteau d’anniversaire qui prônait fièrement sur la desserte, faisant gicler la crème pâtissière aux quatre coins de la pièce.

Sylvie en reçu son quota en pleine figure, alors que Michaël s’affalait lamentablement sur le dos et que le gâteau qui avait pris son envol sous l’impulsion de la miche de pain lui atterrissait en pleine face.

Les invités qui étaient entrés dans la maison, pile au début de l’altercation, ne purent s’empêcher de rire aux larmes tant la séquence avait été burlesque. Ils entonnèrent en chœur « Joyeux A. NI .. VER. SAIRE … », tout en se bidonnant bruyamment avec des éclats de rire tonitruants.

Les deux époux se regardèrent et participèrent eux aussi à l’hilarité générale.

Une fois les esprits calmés, l’espace et les gens nettoyés. Les invités donnèrent son cadeau d’anniversaire à Sylvie. Ils avaient inscrit le couple, sur Internet, pour le tirage au sort dans un jeu de téléréalité et il se trouve que ça avait marché.

Ils avaient été sélectionnés pour participer à un jeu dans lequel ils pouvaient gagner une île, d’une valeur de deux millions d’euros. Sur le courriel qui avait été imprimé, il était donné rendez-vous au couple dans trois jours au port de Lézardieu, sur la rive gauche du Trieux pour embarquer pour l’île de Roch Brocéliande, avec huit autres participants. C’est lors d’un dîner qui serait filmé qu’on leur donnerait le règlement à approuver et qu’on leur expliquerait les modalités du jeu.

Sylvie et Michaël crurent que leurs amis leur faisaient une farce, mais comprenant que ce n’était pas le cas, ils furent ravis de pouvoir montrer leur capacité dans une épreuve ou très certainement leurs aptitudes intellectuelles joueraient en leur faveur. Et Sylvie d’ajouter :

« Sans compter les talents de gymnastique pâtissière de Michaël… « 

Ce qui déclencha à nouveau un fou rire général.

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Alors vous avez trouvé ?

Je n’en doute pas.

Sylvie est du profil UN en ennéagramme :

Peur de base (être déficient) : Sylvie doit recevoir ses amis et que tout se passe bien, voire soit parfait

Fixation mentale : Que tout soit parfait « Tu n’as pas oublié d’aller chercher le gâteau et le plateau de fromages ? interrogea Sylvie » « Elle regardait la table et l’agencement ne lui plaisait pas. »

Évitement : Les erreurs « sachant pertinemment que son mari ne l’avait pas fait, » ce qui la met en colère (émotion du centre instinctif) « Tu te fous de moi ! Je te l’ai déjà répété avant de manger », s’emporta la maîtresse de maison » (mécanisme d’évitement : donne la leçon) « avant de saisir les clefs de la voiture, posées sur le meuble de l’entrée, et partir chez les commerçants,  en claquant la porte violemment pour implicitement manifester sa mauvaise humeur (colère qui ne s’exprime pas ouvertement, mais qui est ostentatoire – colère rentrée)

Mécanisme d’évitement : Perfectionnisme, impose son point de vue « Sylvie. Il n’y avait qu’elle qui faisait les choses correctement, mais selon ses critères, évidemment »

 Fixation (que tout soit parfait pour tous et partout) et Devise du UN (zéro défaut) « …sa femme à toujours dénigrer, de manière systématique, ce que les gens faisaient » et mécanisme d’évitement (perfectionnisme, donne la leçon)

 Passion (jugement) :  » …avait attiré Sylvie dans le métier de juge »   » la certitude de savoir ce qui est bien ou mal »

Evitemment (les erreurs) : « Cela eut le don d’énerver Sylvie un peu plus, elle qui avait dû pallier les erreurs inacceptables de son mari » à l’encontre de sa fierté (irréprochable) et sa qualité de conscience professionnelle.

 « Je te l’ai déjà dit, les fourchettes se mettent les dents en l’air  » : (perfectionnisme, donne la leçon) « Et bien moi, je préfère à l’anglaise, c’est plus hygiénique ! (orientation : amélioration perpétuelle) lança Sylvie qui ne voulait pas lâcher l’affaire. » (quête du système idéal dont elle est le dépositaire par nature)

Michaël est du profil cinq  :

Peur de base (être inutile) : Michaël se doit de participer à la bonne réception de ses amis

 » Non, je n’ai pas oublié, mais je n’ai pas eu le temps, répondit Michaël qui savait bien qu’il y avait omis quelque chose »  Evitement (être pris en défaut) non réussi qui va provoque le mécanisme de défense (isolation et coupure émotionnelle)

 mais qui pris en défaut ne voulait pas l’avouer » confrontation à la peur de base (être incompétent face au vide intérieur)

« Michaël resta sans voix, la colère bloquée dans sa gorge » (coupure émotionnelle, incapacité à se confronter à sa colère)

« Donc il ne comprenait pas bien le problème. Il restait pensif… »  (Fixation mentale  – tout comprendre)

« Il aurait eu une liste longue, comme un jour sans plateau de fromage, à lui déballer s’il avait été comme elle. » (Mécanisme de défense – isolation, retrait dans son for intérieur) et (Passion – retenue pour ne pas se livrer, avarice de soi, difficulté à s’exprimer sur ses ressentis) » Mais, lui, il était plutôt du genre à prendre du recul et à réfléchir avant d’agir. »  « faisait tout pour éviter de la regarder, avec l’inconsciente envie de ne pas laisser exploser ses ressentiments »

« son métier de professeur de faculté qui lui donnait cette tendance,
ou peut-être l’inverse » (Fierté – je sais , je comprends) 
« rétorqua Michaël pas mécontent d’étaler sa science. »  » pour le service à l’anglaise, tu dois aussi placer les verres en biais, les serviettes pliées en trois ou en quatre dans l’assiette et le pain dans une petite assiette à gauche »

Fixation mentale (tout comprendre) :  » avançant les mains, paumes ouvertes, vers elle en signe
d’interrogation »

 Chute de Michaël avec vol plané arrière : Les profils CINQ désintégrés sont souvent maladroits, car plus dans leur tête que dans leur corps.

La relation entre un-femme et cinq-homme

Selon certaines études statistiques (qui restent à prendre avec prudence), même si toutes les combinaisons ont été relevées, une femme de profil UN serait plutôt attirée par un homme de profil CINQ, SEPT ou  DEUX un homme de profil CINQ par une femme de profil UN, QUATRE ou huit (source 9types.com).

Concernant l’appariement femme UN / homme CINQ :

Goût commun pour l’ordre et la rigueur : « Les tâches semblaient pourtant avoir été bien définies au départ entre les deux conjoints » Facteur de motivation (précision, clarté) et Qualité de base (Rigueur) du UN et désir de base (être compétent) du CINQ, un de ses facteurs de stress étant l’imprévu.

 Les deux époux se regardèrent et participèrent eux aussi à l’hilarité générale. Passage du mode désintégré créé par le stress de la situation (recevoir leurs amis au mieux) en mode intégré (UN – ce qui est devait être car tout est parfait par nature / CINQ –  ne pas chercher à comprendre mais se connecter aux autres)

 » ils furent ravis de pouvoir montrer leur capacité dans une épreuve où très certainement leurs aptitudes intellectuelles joueraient en leur faveur »  – Les profils UN et CINQ (comme le TROIS) utilisent la compétence comme atout face aux difficultés et conflits plutôt que la réactivité émotionnelle (4-6-8) ou la positive attitude (2-7-9).

A bientôt pour un autre couple d’ennéatype.

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