Triangle dramatique, comment en sortir grâce au triangle magique

Peut-être avez-vous entendu parler du triangle dramatique, aussi nommé triangle de Karpman du nom de son inventeur dans les années 60. Rien à voir avec le triangle des Bermudes ! Il donne un éclairage issu de l’analyse transactionnelle sur les jeux psychologiques qui se mettent en place entre trois acteurs : la victime, le sauveur et le bourreau. Chacun pouvant être appelé à changer de rôle dans le déroulement du jeu. Ces prises de position ne sont pas systématiques, mais il faut être vigilant tant elles sont tentantes.

Le but de cet article n’est pas de disséquer le fonctionnement de ce triangle, mais de donner une méthode pour en sortir ou mieux, ne pas y entrer . Voyons cela.

Comment sortir du triangle dramatique ?

Plusieurs solutions sont avancées dans la littérature pour sortir du triangle dramatique, comme le refus de son rôle, le renversement volontaire des rôles ou encore l’escalade pour pousser le jeu à son extrême. Bernard Raquin incite chaque protagoniste à se diriger vers la porte d’harmonie en lâchant prise et en abandonnant sa position. Ces solutions sont bien sûr pertinentes, mais je leur reproche de souvent nécessiter une forte assertivité de la part de la victime que, par nature, elle ne possède pas.

Le triangle magique

Je préfère l’approche par les 3P de l’Analyse Transactionnelle (Permission-Protection-Puissance) . Ils construisent le triangle magique qui offre à chaque participant une option envisageable. Cette figure incite les acteurs à échanger une position de vie négative avec une positive de leur personnalité.

  • Le Sauveur qui est sur le mode AT parent sauveteur – peut devenir le sage qui écoute et permet en passant sur le mode AT parent nourricier +

  • Le Bourreau qui est sur le mode AT  parent persécuteur – peut devenir le chevalier qui protège en passant sur le mode AT parent normatif +

  • Victime qui est sur le mode AT enfant soumis – peut devenir le héros puissant en passant sur le mode AT enfant libre +

Les deux triangles, dramatique et magique, se superposent à merveille recréant la figure du sceau de Salomon. Selon la tradition alchimique, elle représente le double triangle de l’union des contraires dans un but d’harmonie. Le masculin (triangle pointe en haut) et le féminin (triangle pointe en bas), tels le soleil et la lune s’unissent pour recréer l’harmonie du tout.

Cette symbolique de l’association des principes masculin et féminin nous montre la voie de la puissance. Elle nous incite à aller chercher nos forces à l’intérieur de nos faiblesses. Cette démarche permet de passer du triangle de l’affrontement des egos au triangle de la coopération des essences.

Eglise Saint-Martin d’Alet-les-bains avec ses étoiles à 6 branches

 Etoile à six branches de l’église Saint-Martin de Limoux

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La victime

Vous avez envie de sortir du triangle dramatique ? Le triangle magique peut vous y aider. Vous avez le sentiment de ne pas avoir de valeur ? Cela vous pèse et vous cherchez du soutien vers les autres. Malheureusement, à chaque fois vous attirez des personnes qui, en affirmant vouloir vous aider, cherchent à se valoriser elles-mêmes. Ainsi elles vous privent d’une véritable solution à votre malaise. Vous attirez aussi d’autres personnes qui vous ressentant faible, en raison de votre attitude de victime, veulent asseoir leur pouvoir et vous persécutent. De cette façon, elles renforcent votre sentiment d’infériorité.

Alors si vous avez pris conscience du schéma dévastateur du triangle dramatique, vous allez pouvoir utiliser le basculement vers le triangle magique. Ainsi, en prenant la décision de ne plus faire comme d’habitude, vous jetez les oripeaux de la victime pour endosser le costume du héros.  Vous pourrez alors solliciter des alliés pour leur force et leur protection. Vous pourrez attirer des gens qui, par leur sagesse et leur qualité à vous écouter avec bienveillance, ne chercheront pas à vous imposer leurs solutions.

Cette approche rejoint celle du « voyage du héros » décrite par Joseph Campbell dans « le héros aux mille visages »

Le sauveur

Vous avez pris conscience d’avoir un penchant à aider les gens, même s’ils ne vous ont pas sollicité ? Dans le cas où ils demandent votre soutien, vous savez que vous avez tendance à promouvoir vos solutions. Vous aimez leur dire ce que vous feriez dans la même situation qu’eux ?

Si vous avez pris conscience de cela, vous pouvez réfléchir à la position du sage qui apporte son aide par l’écoute et non avec la prétention d’avoir la solution au problème posé sans y avoir lui-même été confronté. Ainsi, vous pouvez vous demander si apporter une solution toute faite va réellement aider la personne à sortir de son malaise récurrent. J’aime bien cette pensée orientale. « Quand un homme a faim, ne lui donne pas du poisson, apprends-lui à pêcher. » Alors faites appel à votre humilité et devenez le sage que tout le monde respecte.

Vous avez le choix de passer de la position de sauveur à celle du sage. Grace à son écoute bienveillante, le sage donne la permission à la personne qui souffre de s’autoriser à changer son chemin de vie. C’est toutefois cette personne qui devra seule accomplir sa transformation, afin qu’elle soit efficace et pérenne.

Le bourreau

Si vous avez l’habitude de vous retrouver dans cette position, c’est peut-être que vous n’aimez pas la faiblesse. Celle des autres vous rappelle certainement la vôtre et c’est insupportable. Alors ne voyez pas « l’appel à l’aide d’une personne » comme un aveu de faiblesse. Imaginez-le plutôt comme une demande de protection pour pouvoir sortir d’une situation qui la contraint. Voyez cela comme une opportunité de vous valoriser en apportant votre soutien. Et devenez le preux chevalier qui, en défendant la veuve et l’orphelin, sera valeureux.

De persécuteur vous devenez alors protecteur. En apportant ce soutien vous verrez les personnes se transformer grâce à la confiance qui naitra chez elles . Et vous les verrez quitter leur posture de victime.

 

Le triangle magique pour sortir du triangle dramatique

Dans ce type de relation, ce n’est pas parce qu’il n’y a que deux participants que les triangles disparaissent. Si la personne en souffrance doit devenir le héros, acteur de sa vie, l’individu qui a décidé de l’aider se devra d’endosser les deux rôles du sage et du chevalier, nécessaires à la progression dans l’aventure intérieure de la personne qui se livre à eux. À la fois bienveillant et protecteur, il saura mettre la personne en confiance, sans jugement afin qu’elle puisse se libérer elle-même de ses entraves psychologiques.

C’est la position basse que devra adopter toute personne qui souhaiterait en aider une autre. Notamment si elle est sollicitée pour appuyer une démarche de recherche du sens de sa vie. Cette intervention nécessite de ne proférer aucune critique des actes passés ou des croyances tout en conservant la volonté de les questionner.

C’est l’attitude de référence que le coach doit respecter lors d’une séance avec son client. Le praticien doit surveiller d’autres points importants lors d’un entretien de coaching, comme les transferts et les contre-transferts, mais avoir le triangle magique en conscience lui permet d’éviter bien des travers.

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