J’ai rédigé cet article à la suite de la lecture de l’excellent livre de Sébastien Bohler qui s’intitule « Le bug Humain » qui, comme son titre le laisse supposer, explique que le programme qui fait fonctionner l’être humain présente une défaillance dans sa conception.
En effet, tous les mécanismes biologiques humains ont permis la survie de cet être chétif dont l’espèce semblait moins apte à persister en comparaison d’être plus forts comme les tigres à dents de sabre. Cependant arrivé au stade où nous en sommes, envahis par la technologie et la profusion des biens, il semblerait qu’une mise à jour de notre logiciel biologique soit nécessaire afin que notre espèce continue d’exister.
Je reprends une partie des développements du livre précité auquel, j’ai ajouté quelques éléments de neurosciences glanés ici et là. Je vous décris les cinq motivations du circuit de la récompense qui nous envoie dans le mur, puis le fonctionnement du « système deux » qui contrebalance ce circuit. Je conclus par le moyen qui me paraît le plus approprié pour sortir de l’impasse dans laquelle nous semblons nous être embourbés.
Les motivations de l’espèce à l’origine du bug humain
L’objectif de chaque espèce vivante est de perpétuer sa race au sein de l’écosystème. Pour cela chaque individu a pour mission de transmettre ses gènes à la génération suivante avec comme idée sous-jacente que, si ce sont les plus forts qui y parviennent, l’espèce en bénéficiera et sera plus résistante.
Les cinq motivations de base du bug humain
Pour cela la biologie humaine a développé une stratégie basée sur cinq motivations qui se hiérarchisent.
La première est de manger, car sans nourriture, c’est la mort rapide assurée. Une deuxième est d’opérer toute action avec le minimum de dépense énergétique, une stratégie qui visait à minimiser les exigences de la nécessité de manger dans les périodes reculées où la nourriture était rare.
Lorsque la nécessité de se nourrir est assurée, la motivation suivante est de se reproduire. Malheureusement, la problématique de cette motivation se heurte à l’accord du partenaire et à la concurrence des autres prétendants à la transmission des gènes. Ainsi naquit la motivation qui en découle. Elle fut d’acquérir du pouvoir au sein du groupe afin de satisfaire facilement ses ambitions de nourriture et de reproduction. Pour compléter l’ensemble et donner encore plus de chance à ces tous ces besoins de se réaliser, la dernière stratégie exigée fut de récupérer le maximum d’information sur son environnement, afin d’optimiser les moyens qui permettent d’optimiser la volonté d’obtenir plus de pouvoir.
Pour résumer : les cinq motivations du bug humain
• Manger
• Faire le minimum d’effort
• Se reproduire
• Acquérir du pouvoir
• Glaner le maximum d’information sur son environnement
Le système de la récompense
Afin d’ancrer ces cinq motivations vitales pour l’espèce humaine, un système neurologique très simple a été mis en place par dame nature. Il est hérité de celui de la lamproie, un vertébré aquatique primaire, pour favoriser la survie.
Il s’agit du système de la récompense qui s’appuie sur un neurotransmetteur, appelé souvent hormone de la récompense pour cette raison. Il fait partie des quatre hormones du bonheur qui ont pour objectif de rétablir l’homéostasie du corps (son équilibre) après un stress.
Alors que la dopamine récompense les comportements vertueux, l’endorphine permet de réduire les sensations de douleurs, l’ocytocine est sécrétée lorsque des alliances sociales se réalisent et la sérotonine est liée au respect que l’on obtient des autres.
Pour plus de détails, je vous recommande l’excellent ouvrage de Loretta Graziano Breuning : « Vos hormones du bonheur en lumière ».
Ce système biologique de fonctionnement de l’humain peut se simplifier à l’extrême par le fait que réussir une action déclenche une décharge de dopamine, source de plaisir, qui incite à reproduire le même type d’action et qu’à l’inverse l’échec de cette action déclenche une décharge de cortisol, l’hormone du stress, source d’inconfort, qui pousse à ne pas la reproduire.
La partie du cerveau qui produit la dopamine est le striatum qui comporte le putamen, le noyau accumbens et le noyau caudé. Il est au cœur de notre cerveau limbique, le centre des émotions. C’est cela qui cause le bug humain
Faire le minimum d’effort
Notre striatum passe son temps à évaluer le rapport entre effort fourni et résultat obtenu. S’il est positif, l’aire tegmentale libère de la dopamine et le noyau accumbens délivre un message de plaisir.
Ce comportement est lié au fait que la nourriture est la source de l’énergie du corps et plus on se dépense, plus il faut d’énergie et donc de nourriture. Cependant, dans les temps anciens, la nourriture étant rare, il s’agissait de l’économiser. Il était donc logique que le corps développe un système de récompense pour ceux qui avaient la meilleure productivité. Il s’agissait donc de faire le minimum d’effort pour une action donnée.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. Cela veut dire que chaque chose qui doit être réalisée, devra s’opérer avec le minimum de dépense énergétique.
C’est la motivation qui est directement adjointe à la motivation de se nourrir. Il s’agira de trouver l’équilibre optimal entre l’apport d’énergie par la nourriture et la dépense pour l’obtenir.
Acquérir du pouvoir
Ce système à fait ses preuves depuis de millénaires pour assurer les deux motivations primaires de manger et de se reproduire. Il est cependant un peu plus complexe, car des fonctions plus évoluées se sont greffées pour renforcer son fonctionnement. Ce qui est apparu rapidement c’est que manger et se reproduire sont plus faciles pour ceux qui possèdent du pouvoir dans le groupe. Il était donc évident que pour optimiser les deux motivations primaires il fallait développer ses capacités à dominer.
On s’est aperçu que chez les primates qu’il existe une fascination pour les dominants, les célébrités.
Cela a une raison. Il a été constaté que les individus situés en bas tout en haut de la pyramide sociale, sont moins stressés et mieux traités et que par conséquent ils ont un système immunitaire plus vigoureux et résistent mieux aux infections. Le cerveau a donc compris qu’il fallait récompenser tout acte visant à acquérir du pouvoir, créant une affinité puissante du cerveau pour tout ce qui se passe en termes de hiérarchie et de comparaison sociale au sein du groupe.
Ce comportement n’est pas fortuit et présente des raisons rationnelles. En effet, l’objectif chez les primates est que s’ils ne peuvent pas être les plus forts, il est judicieux de nouer des alliances avec les plus forts, afin de faire partie du clan de ceux qui ont le plus de chance de manger et de se reproduire.
Ainsi, grâce à la production de dopamine en cas de réussite d’une action, c’est-à-dire de victoire, la compétition pour le pouvoir s’est naturellement développée. Gagner stimule le circuit de la récompense, mais aussi le fait de voir un individu gagner dans une compétition entraîne une stimulation positive de dopamine par le noyau accumbens et nous incite à redoubler d’attention. Cependant, des expériences menées chez l’homme révèlent que l’activité du striatum, promoteur de dopamine, ne se manifeste que si l’on gagne contre un autre humain, pas contre une machine. Ce n’est donc pas gagner qui est récompensé, mais dominer un membre du groupe
Mais le système biologique ne se borne pas à récompenser la victoire par l’obtention de plaisir à court terme. Il renforce ce comportement en augmentant les capacités du noyau accumbens, il augmente les capacités à récompenser. Ainsi, la victoire stimule et permet d’acquérir du pouvoir, mais de surcroît, exercer le pouvoir développe le striatum qui récompense la victoire. C’est ainsi une boucle addictive au pouvoir qui se développe dans le seul but de promouvoir : « se nourrir » et « transmettre ses gènes ».
Le système de comparaison sociale
Nous stockons dans nos mémoires, nos victoires et nos défaites par rapport aux autres, c’est le phénomène de comparaison sociale. Le but est de développer notre dominance pour monter dans l’échelle sociale.
La comparaison sociale est le logiciel qui équipe nos cerveaux par défaut et surtout celui des mâles en créant un conditionnement. Ce qui compte, ce n’est pas uniquement la victoire, mais surtout la domination des autres, d’avoir été le plus fort. C’est ainsi que se sont développés les marqueurs sociaux qui permettent de montrer sa position sur l’échelle sociale, à l’instar des grosses voitures et des montres hors de prix.
Ainsi avec le pouvoir, le statut social qui confère du pouvoir s’incrémente. Mais dans le même temps, par le système de renforcement du système de la récompense, les récepteurs de la dopamine augmentent et avec eux les recherches de victoires qui confèrent l’aptitude à avoir des rapports sexuels. Par le même phénomène de renforcement à l’aptitude au pouvoir et à la possibilité d’avoir des rapports sexuels crée une demande en besoins sexuels de plus en plus importante, car l’hypothalamus libère de la gonadostimuline qui démultiplie l’attirance et la performance sexuelle, mais aussi les besoins et envies. On ne peut que le constater avec des affaires comme DSK ou Weinstein.
Sur un plan plus politique, si le modèle néolibéral réussit aussi bien, c’est qu’il caresse l’humanité, dans le sens du poil son penchant naturel pour l’élévation dans la hiérarchie. Les publicitaires savent jouer sur ce ressort en créant une insatisfaction organisée de façon à créer des besoins que l’économie cherche à satisfaire.
Des tests sur des macaques ont montré qu’ils cliquaient davantage sur les logos de marques associés à la présentation d’images d’individus de hauts rangs dans leur communauté.
Ce fonctionnement biologique de quête du pouvoir nous a conduits à passer du stade de chasseurs-cueilleurs à celui de consommateurs-pollueurs.
Statut social vs loi de l’effort minimal
Le système qui demandait à tout un chacun d’économiser ses forces et qui avait son utilité au temps des cavernes semble aujourd’hui moins pertinent. En effet, on constate depuis la révolution industrielle que l’homme moderne des sociétés nanties a de moins en moins d’effort à faire pour réaliser ses projets. La montée de la robotisation laisse présager que le besoin de travailler se réduira de plus en plus. En témoignent d’ailleurs les montées des inactifs, volontaires ou non, dans tous les pays industrialisés. Force est de constater que la loi du moindre effort est plus qu’en bonne voie. Une problématique se fait alors jour. L’effort accompli a jusqu’à présent permis de se révéler aux autres et de monter dans l’échelle sociale grâce à son travail. Que cela devient-il si le travail est, si ce n’est inutile, non reconnu comme valeur de réalisation ?
Le problème est que le cerveau place au même niveau, augmentation du statut social et loi du moindre effort. Le striatum vit sa première crise névrotique.
La télévision est venue répondre à ce problème en créant un réflexe d’immobilité et de passivité basé sur la loi du moindre effort. Mais, il n’a pas pour autant résolu le problème de manque de statut social. L’invention géniale qui s’est faite par un besoin systémique, fut la mise en œuvre des réseaux sociaux. Ils répondent à la loi du moindre effort tout en assurant de gagner du statut social grâce aux likes et autres nombres de vues.
Ainsi l’objectif est atteint, se croire important et ne rien faire. Grâce aux signes de reconnaissance de votre communauté internet, le striatum inonde le cerveau de dopamine.
L’inconvénient est que cela à un impact sur l’estime de soi qui se met à jour en fonction des interactions nombreuses ou pas de vos amis virtuels dans le cortex frontal ventromédian, vous obligeant à faire face en permanence aux jugements d’autrui, en quête de reconnaissance. On a vu alors apparaître le syndrome FOMO (Fear of Missing Out) qui crée une peur pathologique de rater une interaction allant jusqu’à empêcher les gens de dormir. Les adolescents sont très réceptifs à ces injonctions, car le développement du cerveau n’étant pas achevé avent 25 ans, ils sont pure striatum.
On sent bien que ce système ne réussit à pas trouver un équilibre pérenne pour l’homme.
Glaner le maximum d’informations
La dernière motivation de l’être humaine tient à sa motivation d’augmenter son pouvoir au sein du groupe social. Et que faut-il pour atteindre cet objectif ? Eh bien, cela nécessite de recueillir le maximum d’information et en particulier sur ce groupe social, le maximum d’information sur les structures de pouvoir, afin d’en tenir profit personnellement. Donc, toujours grâce au même processus, dès qu’une information pertinente se profile à l’horizon, une giclée de dopamine nous met en alerte.
Ce fonctionnement, hérité de nos lointains ancêtres, ne nous a pas quittés. Nous sommes passés d’homo sapiens à homo SUV sans que nos modes de fonctionnement n’aient évolué.
Par exemple, il y a 5 000 ans, quelque chose d’inhabituel est présent au loin. Grâce à la dopamine libérée dans le noyau caudé et le putamen, une fine bande du cortex dirigent les yeux d’homo sapiens vers l’endroit en question. C’est une touffe de poils qui trahit la présence d’un chevreuil que notre homme ne tarde pas à capturer. Il le rapporte, ce qui lui confère une bonne position sociale dans le clan. Dopamine assurée ! Il donne une belle part à une femelle homo sapiens qui en retour l’invite sur sa couche. Il transmet ses gènes à la génération suivante. Mission accomplie.
Aujourd’hui, le noyau caudé et le putamen libèrent de la dopamine et une fine bande du cortex dirige les yeux d’homo SUV vers un écran publicitaire mural qui vante le rapport qualité/prix d’un SUV tel qu’il aimerait en posséder un. Cet apport de dopamine le conduit à se rendre chez le concessionnaire et à acheter le véhicule marqueur social d’une position dominante. Il va se garer sur le parking de son entreprise attirant tous les regards vers ce magnifique objet témoin de sa réussite sociale. Grâce à sa nouvelle notoriété, il ne manque pas d’intéresser la nouvelle recrue et lui propose un dîner qui se termine chez lui. Il transmet ses gènes à la génération suivante. Mission accomplie.
Pour le pouvoir, de même que pour l’alimentation, aucun système de régulation n’a été prévu pour en limiter l’usage. Avant point besoin de limitation pour la nourriture car les denrées étaient très rares, mais aujourd’hui que tout est à portée de main, la suralimentation conduit à l’obésité qui a explosé de manière exponentielle.
La tyrannie du striatum crée un besoin insatiable d’information, plutôt lié à la relation pour savoir qui peut être un allié. Cependant n’oublions pas le besoin de l’effort minimum. C’est ainsi que la télévision a détrôné aisément la lecture pour le plus grand nombre. Suivant la même pente ce sont les réseaux sociaux qui prennent le relais avec une information qui semble de plus en plus dégradée et ciblée sur la surconsommation.
L’univers du jeu semble être la prochaine étape pour occuper le striatum, car gagner procure aussi de la dopamine. Il faut noter que le gain est maximal lorsque la chance de perdre est égale à la chance de gagner, notion bien connue dans les casinos qui ont compris que la récompense espérée mais imprévisible est centrale à l’addiction. Il faut que le joueur gagne à un rythme variable mais fréquent pour qu’il continue à perdre.
La dopamine, un ennemi qui vous veut du bien
Les neurosciences ont montré que nous avons deux systèmes de fonctionnement, appelé système 1 et système 2. Le premier est basé sur l’instinct. Il fonctionne avec le striatum qui gère le circuit de la récompense. Il cherche à remplir les cinq motivations énoncées sur le court terme. Le deuxième est basé sur la réflexion, il fonctionne avec le cortex préfrontal, mais est basé sur le temps long.
Un autre biais du cerveau c’est que pour lui le présent est roi, toujours en raison des exigences en dopamine. Un plaisir immédiat est mieux qu’une sécurité future, car la décharge dopaminique est inversement proportionnelle au délai entre prévision et réalisation. Ainsi, l’humain va préférer un plaisir à court terme à un effort à long terme qui pourrait lui apporter des bénéfices dont il n’est pas certain. Pour contrer ce fonctionnement, la nature a prévu une connexion par de longues synapses entre le cortex préfrontal et le striatum qui par la volonté permet de désactiver provisoirement le circuit classique la récompense afin de permettre la mise en place de bénéfices dans le futur.
Les capacités de prévisions sont assurées par le cortex frontal. Pour conserver à l’esprit une perspective heureuse, il active le faisceau frontostriatal, un neurone spécifique qui inhibe le striatum. Ce faisceau s’éduque chez l’enfant jusqu’à l’adolescence. La gestion des frustrations qui permet la myélinisation de la gaine du faisceau, de façon à accélérer les connexions électriques et à renforcer le pouvoir du cortex préfrontal sur le striatum.
Ce système cortex/striatum a très bien fonctionné pendant des milliers d’années permettant de travailler sur un temps long afin que le striatum s’y retrouve à terme. Il a permis des avancées comme l’élevage des animaux en gérant la frustration de ne pas les manger immédiatement. Aujourd’hui, tout est à portée de main, pourquoi attendre ? En s’habituant à avoir tout instantanément, la fonction physiologique cortex/striatum se dégrade et il devient de plus en plus difficile d’attendre pour obtenir quelque chose. Des conséquences de l’impatience toujours plus forte, la nourriture industrielle remplace la cuisine et l’information courte et schématique remplace l’analyse des situations.
Le système de récompense de l’homme devient ainsi contre productif car son programme neurologique qui fut bénéfique pendant une grande partie de son évolution n’est plus adapté à l’époque actuelle. Notre évolution génétique s’est faite sur plus de 10 000 ans en s’adaptant à l’environnement, mais la technologie est apparue sur une période trop courte pour qu’une adaptation de l’ADN puisse apparaître. Nous continuons donc à nous comporter comme si nous vivions dans une caverne menacée par des tigres à dents de sabre, alors que nous disposons de moyens au-delà de nos besoins.
Comme nous ne parvenons à stimuler nos circuits du plaisir qu’en augmentant les doses de dopamine, cela a pour conséquence dans la société, que les dirigeants cherchent à maximiser leur pouvoir et conduisent leurs entreprises à maximiser leurs profits, cela conduisant au consumérisme de masse. Toujours plus de consommation pour toujours plus de dopamine.
Mais comme le pic de dopamine est délivré par le striatum, non pas lorsque le résultat est atteint, mais lorsqu’il est meilleur qu’attendu, il se développe chez l’humain une véritable addiction à la réussite et au pouvoir. Il lui faut toujours plus de réussite pour une même dose de dopamine. Nous l’avons déjà évoqué, l’augmentation du pouvoir au sein du groupe social va de pair avec la maîtrise de l’information.
C’est ainsi que les élites déterminées à conserver leur position sociale, et désireux de plus de toujours plus pouvoir, se construisent sur l’accès privilégier à l’information en mettant à profit la connaissance des fonctionnements neurologiques. Lorsqu’il a été demandé à Steeve Jobs « Quel usage vos enfants font-ils de l’iPad ? » il a répondu « Ils ne l’ont jamais eu entre les mains ».
Quel avenir pour notre striatum ?
Le progrès technique est essentiellement un outil au service des renforçateurs primaires de l’animal qui est en nous. Nous nous comportons comme des êtres dotés d’un haut niveau d’intelligence, mais d’un faible niveau de conscience.
Étant donné la biologique de l’être humain, il paraît impossible d’échapper à la boucle de rétroaction de la dopamine tant que notre ADN n’aura pas évolué pour reprogrammer un fonctionnement plus adapté à notre environnement technologique.
Alors que faire ? Continuer sans réfléchir dans un comportement consumériste contre-productif qui va épuiser toutes les ressources de la planète jusqu’à la disparition de l’être humain ?
À quel moment nous demandons-nous « Avons-nous conscience de ce que nous faisons ? »
Le striatum peut cependant apprendre à aimer autre chose que les renforçateurs primaires par le conditionnement social comme l’altruisme qui motivé par le plaisir qu’il procure lorsqu’on aide les autres, éloigne le striatum des plaisirs basiques à court terme lié à la nourriture, au sexe ou au pouvoir. Ainsi le statut social peut être associé à un comportement vertueux comme la sauvegarde de la planète plutôt que par la possession de toujours plus d’objets matériels.
Amener notre degré de conscience à un niveau comparable avec notre niveau d’intelligence sera sans doute un enjeu de premier plan pour l’avenir de notre espèce. La connaissance doit devenir une valeur centrale de nos sociétés, mais elle ne constitue pas un stimulus aussi captivant, ni aussi addictif que la nourriture, le sexe ou le prestige social. Pour en faire en renforçateur capable de lutter à armes égales contre ces forces, il faut lui adjoindre un allié et cet allié, c’est la norme sociale. Ce sera l’enjeu principal de la deuxième moitié du XXIe siècle.
Comment sortir du paradoxe ?
Mais avant d’en arriver à ce moment où une norme sociale vertueuse aura plus de poids pour le striatum que les plaisirs délétères à court terme, demandons-nous ce que chacun peut faire à son niveau.
Nous l’avons vu la dopamine est délivrée lors de l’atteinte ou de le dépassement d’un objectif. À nous de nous fixer des objectifs plus pertinents que les vils plaisirs court-termistes, comme l’engloutissement d’un ou plusieurs burgers. C’est le rôle de notre cortex préfrontal d’analyser les options dans leur ensemble en comparant les bienfaits court et long terme. Ne jamais perdre les bénéfices à long terme est une option rationnelle, mais comment récupérer notre dose de dopamine dans cette stratégie ? Eh bien en faisant un objectif à court terme !
Dites-vous que votre objectif quotidien, c’est de ne pas céder aux appels manipulateurs de votre striatum. Lorsque vous sentez l’appel du plaisir court terme contre productif et addictif, résistez ! . C’est en résistant que votre objectif à court terme de maîtrise de votre couple cortex/striatum se réalise. En atteignant cet objectif, vous recevez immédiatement votre dose de dopamine
Et vous augmentez cette dose en ayant conscience de ce que vous faites et en le célébrant intérieurement. De plus soyez fier de cette attitude et partager vos réussites dans ce domaine avec votre entourage. Ayez des relations sociales riches et fréquentes, passez du temps pour aider les autres. De cette façon vous pourrez secréter une autre hormone, l’ocytocine dont une des caractéristiques est d’annihiler la dépendance à la dopamine.
En conclusion, pour sortir du cycle contre-productif du « plus de tout, tout le temps » et de notre addiction à la dopamine créée par le striatum de notre cerveau émotionnel, le maître mot sera : conscience. De la prise de conscience de nos comportements compulsifs pourra émerger une volonté de faire autrement. Il pourra naître la décision que notre cortex préfrontal doit reprendre le contrôle pour générer des bénéfices à long terme pour nous et pour nos semblables.